W ou le souvenir d’enfance de Georges Perec
Genre : Autobiographie, Aventure
Editeur : Gallimard
Année de sortie : 2012
Nombre de pages : 222
Synopsis : Il y a dans ce livre deux textes simplement alternés ; il pourrait presque sembler qu’ils n’ont rien en commun, mais ils sont pourtant inextricablement enchevêtrés, comme si aucun des deux ne pouvait exister seul, comme si de leur rencontre seule, de cette lumière lointaine, qu’ils jettent l’un sur l’autre, pouvait se révéler ce qui n’est jamais tout à fait dit dans l’un, jamais tout à fait dit dans l’autre, mais seulement dans leur fragile intersection. L’un de ces textes appartient tout entier à l’imaginaire : c’est un roman d’aventures, la reconstitution, arbitraire mais minutieuse, d’un fantasme enfantin évoquant une cité régie par l’idéal olympique. L’autre texte est une autobiographie : le récit fragmentaire d’une vie d’enfant pendant la guerre, un récit pauvre d’exploits et de souvenirs, fait de bribes éparses, d’absences, d’oublis, de doutes, d’hypothèses, d’anecdotes maigres. Le récit d’aventures, à côté, a quelque chose de grandiose, ou peut-être de suspect. Car il commence par raconter une histoire et, d’un seul coup, se lance dans une autre : dans cette rupture, cette cassure qui suspend le récit autour d’on ne sait quelle attente, se trouve le lieu initial d’où est sorti le livre, ces points de suspension auxquels se sont accrochés les fils rompus de l’enfance et la trame de l’écriture.
Avis : Etudiant l’autobiographie cette année, je tiens à vous prévenir que je ne vais pratiquement lire que cela, avec quelques mémoires, autofictions et fictions racontant une vie dans son entièreté. Mais je n’aurais sans doute pas le temps pour autre chose, malheureusement.
Je ne connaissais pas du tout l’existence de ce livre avant cette année, et même, je peux dire que je ne m’y connais pas trop en autobiographies en général. Je n’en ai pas lu beaucoup (ou alors je n’en avais pas vraiment conscience) et je dois avouer que ce n’est pas vraiment un genre qui m’attire beaucoup. J’ai tout de même hâte de voir ce que cela peut donner à étudier ! Venons-en au livre !
Comme dit dans le synopsis, le livre est divisé en deux histoires racontées alternativement (un chapitre sur deux). Cela peut surprendre au début, et même un peu dérouter pour certains, mais on s’y fait rapidement ; cela peut aussi rendre difficile l’entrée du lecteur dans le livre. En ce qui me concerne, j’ai eu un peu de mal avec l’histoire de W. Je m’attendais à une histoire avec un personnage individualisé (mais je suppose que l’effet de masse est fait exprès, W représentant sûrement le régime nazi), mais cette partie du livre est surtout une longue description du mode de vie sur W. J’aurais vraiment aimé un développement avec le suivi d’un athlète par exemple. J’ai trouvé cela un peu dommage. En tout cas, le régime W est vraiment atroce avec les Athlètes. Certains aspects de la vie m’ont révulsé, notamment les parties sur les femmes et les novices. Clairement, sur W, personne ne vit. Le sport est omniprésent, représente tout ce qui compte dans la vie, puisqu’à la clé se trouve la Victoire. Il n’y a, pour ainsi dire, pas de relations humaines, et les lois sont tout sauf justes (je me demande si on peut vraiment appeler ça des lois). C’est un régime cruel apparenté au régime nazi ; et je pense encore que W est une atténuation, car les Athlètes survivent, et peuvent espérer atteindre un grade un peu plus élevé que celui avec lequel ils commencent.
Concernant la partie autobiographique du livre, il est clair que l’auteur fractionne, fragmente ses souvenirs (ou qu’ils sont réellement comme cela pour lui). Nous n’avons pas vraiment de repères dans cette partie, même s’il me semble évident que l’auteur avance dans le temps en même qu’il avance dans le livre. L’écrivain semble avoir très peu de souvenirs, tous confus, ce qui rend la lecture parfois compliquée. On ne sait pas vraiment si ce que l’auteur raconte est vrai, parce que lui-même ne le sait pas. Il utilise des photos, les décrit pour apporter un peu de matière à son livre, parle de membres de sa famille, dont il ne semble pas bien se souvenir parfois. Un épisode m’a particulièrement ému : celui de la médaille.
Ce livre me semble montrer les conséquences que la guerre peut avoir sur un enfant. L’alternance des deux histoires semble montrer la fracture qui s’est effectuée dans l’esprit de l’auteur. Nous pouvons penser que si les souvenirs sont si confus, c’est parce que la guerre les a effacés de la mémoire de celui qui raconte.
En définitive, un livre intéressant, qui montre le choc occasionné par la guerre sur un enfant en France. L’alternance entre les deux histoires peut gêner mais elles sont toutes les deux liées. J’ai préféré la partie autobiographique, mais on ne peut pas nier l’intérêt de la partie aventureuse.
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