Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Le Parfum de Patrick Süskind

Classé dans : Avis littéraires — 11 mai 2014 @ 13 h 35 min

Le parfumGenre : Drame

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 1989

Nombre de pages : 307

Synopsis : Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Il s’appelait Jean-Baptiste Grenouille. Sa naissance, son enfance, furent épouvantables et tout autre que lui n’aurait pas survécu. Mais Grenouille n’avait besoin que d’un minimum de nourriture et de vêtements, et son âme n’avait besoin de rien. Or ce monstre de Grenouille, car il s’agissait bel et bien d’un genre de monstre, avait un don, ou plutôt un nez unique au monde et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout-puissant de l’univers, car « qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes ». C’est son histoire abominable … et drolatique, qui nous est racontée dans Le Parfum, un roman qui dès sa parution, eut un succès extraordinaire et est devenu très vite un best-seller mondial.

 

Avis : L’on m’avait fait remarquer que je n’avais toujours pas lu Le Parfum, et que je loupais vraiment quelque chose en ne le lisant pas. Je m’y suis donc mise, intriguée par tant de bons avis.

C’est une histoire vraiment intéressante, très particulière que celle de Jean-Baptiste Grenouille. Dès les premières pages, on peut déjà s’attendre au pire et on comprend vite quel être sera cet enfant, né dans une rue de poissonniers et qui a une particularité très étrange, qui fait que les autres le rejetteront. L’auteur nous met en garde, et nous explique bien que l’on va lui l’histoire de la vie d’un monstre. Le lien avec les odeurs est tout de suite réalisé : Grenouille naît dans la puanteur, dans le Paris du XVIIIe siècle. J’ai trouvé le détail des odeurs très intéressant ; je n’avais jamais lu un livre centré là-dessus. Mais, je dois avouer que j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire. J’ai parfois trouvé le temps long en lisant, et je me demandais quand une nouvelle action allait enfin venir. La grande majorité du livre relate le parcours de Grenouille, mais les actions réelles, les moments où j’étais réellement dans l’histoire étaient rares. Comme le sous-titre l’explique, Grenouille est un meurtrier. L’on comprend peu à peu pourquoi mais il faut du temps. Le premier meurtre se trouve au début, et l’on se dit qu’il va y avoir de l’action, qu’il se s’arrêtera plus. C’est beaucoup plus psychologique que ça, et beaucoup plus long. Un plan se forme au fil de la lecture, on le comprend, et on se demande quand il va réellement commencer. Le périple commence à Paris et doit s’achever à Grasse. Entre temps, Grenouille vivra quelque chose de très particulier, raconté dans un passage où l’on comprend vraiment le meurtrier, ce qu’il veut et pourquoi. Le style de l’auteur est très agréable. Il fait parfois des incursions dans la tête des personnages ce qui nous permet de comprendre leur point de vue et leur état d’esprit.

L’aspect horrible réside partiellement dans le fait que l’on sait déjà ce qu’il va se passer, mais que personne ne peut rien faire contre. Grenouille est trop fort, et ne se laissera pas avoir, comme tous l’espèrent. Il semble qu’il atteindra son but quoi qu’il arrive. De plus, on s’attache aux personnages qu’il veut tuer, et surtout à deux d’entre eux. L’on espère qu’ils vont lui échapper. La première victime est tellement inattendue que c’en est choquant. Elle meurt sans un bruit et sans avertissement. Cette histoire est aussi éprouvante parce qu’elle nous donne la vision d’un monstre contre lequel personne ne peut faire quoi que ce soit. Il est vraiment effrayant de s’imaginer cette histoire. La fin participe clairement de l’aspect horrible de ce livre.

Le personnage de Grenouille est vraiment un être que l’on ne peut apprécier. Il n’a aucune morale, il ne sait sans doute même pas ce que c’est, il n’a pas de cœur, n’a pas besoin d’amour, n’en donne pas, ne sait peut-être même pas non plus ce que c’est. Il est ignoble et effrayant au possible. Nos incursions dans sa tête ne nous rassurent absolument pas. Il s’est créé un monde dans lequel seul lui peut entrer, et que seul lui comprend. Il est malsain sans le savoir, et peut sembler pervers. Tout ce qui l’intéresse, ce sont les odeurs, il n’a cure des autres sens : avec son odorat, il peut tout faire, tout savoir. Il peut se guider à travers la ville juste avec son nez. Les autres personnages restent secondaires. Ils tiennent des places importantes pour un temps, et surtout pour le plan de Grenouille, mais il ne leur prête aucune attention en tant qu’être humain. Et tous finissent mal ; d’ailleurs, au début, j’ai cru que c’était dans ce sens-là que Grenouille était considéré comme un meurtrier. Je me doutais bien qu’il y aurait quelque chose de plus de par les questions qu’il posait et les rêves qu’il faisait.

Comme je le disais, la fin est particulièrement horrible. D’un côté, on se dit que c’est bête que le livre finisse comme cela. On pourrait presque dire : « Tout ça pour ça ?! ». D’un autre côté, on pouvait s’en douter. Et même, en vue de l’état d’esprit et de la psychologie du personnage, comment cela aurait-il pu finir autrement ?

 

En définitive, un livre particulier, que je n’ai pas vraiment aimé, mais que je ne peux pas dire avoir détesté. Une histoire originale et intéressante, avec un personnage effrayant, captivé par les odeurs. Après tout, c’est vrai : si nous n’étions guidés que par notre nez, nous serions des aristocrates. (Journal d’Hirondelle, Amélie Nothomb)

 

Challenge des 100 livres à lire au moins une fois

 

4 commentaires »

  1. Melliane dit :

    Je pense que c’est une lecture assez difficile… Je n’ai vu que le film mais on m’a aussi dit qu’il faudrait que je tente. Alors peut etre un jour!

    http://www.betweendandr.com

    • redbluemoon dit :

      C’est vrai que c’est particulier. D’un côté, c’est intéressant, de l’autre, c’est effrayant, et on se demande si l’on veut vraiment continuer, parce qu’on sait déjà comment ça finira. Mais c’est quand même un livre à avoir lu selon beaucoup de personnes dont j’ai recueilli les avis. Je n’ai pas vu le film, mais je regarderai. Peut-être un jour aussi !

  2. Rachel dit :

    Alors là je n’ai pas eu du tout la même lecture que toi de ce livre! Ce n’est pas du tout un reproche mais j’ai adoré justement toutes les incursions dans son esprit pervers car on pouvait voir comment se construisait son horrible projet. Je ne cherche pas à l’excuser mais j’ai eu le sentiment que la description de sa vie était en fait une démonstration logique où chaque événement s’enchaîne de sorte à ce que la fin soit l’aboutissement profond du livre et de son parcours intellectuel.
    Et les descriptions sensitives m’ont épatée (toi aussi apparemment), la précision des mots et ce « regard » inédit sur le monde m’ont fait voyagé.
    Sinon, je trouvais que c’était avant tout dégradant pour le commun des mortels plus que pour Grenouille. Lui peut percevoir une certaine vérité du monde tandis que nous nous sommes restreints à sa connaissance superficielle. En même temps cela montre à quel point la pleine possession de ses sens peut nous défaire de notre humanité. La définition de l’humanité serait donc justement cette imperfection?
    Enfin voilà mon ressenti sur ce livre!!

    • redbluemoon dit :

      C’est vrai que là, on a lu le même livre mais très différemment ! C’est très intéressant d’avoir un tout autre point de vue sur des éléments qui m’ont gêné ou que je n’ai pas aimés, et qui t’ont permis d’apprécier ta lecture.
      Concernant la connaissance du monde, c’est vrai que ça nous montre une autre vision du monde, avec un sens sur-développé que nous n’avons pas l’habitude d’utiliser à ce point. Mais lui aussi a une connaissance superficielle du monde, parce qu’il ne développe qu’un seul sens. Pour une connaissance pleine, il faudrait le développement de tous. Après tout, personne n’est parfait ! ;)

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