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I found myself in Wonderland.

Archive pour avril, 2014

La liste de mes envies de Grégoire Delacourt

Posté : 2 avril, 2014 @ 8:28 dans Avis littéraires | 1 commentaire »

La liste de mes enviesGenre : Contemporaine

Editeur : JC Lattès

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 186

Synopsis : « Les femmes pressentent toujours ses choses-là. » Lorsque Jocelyne Guerbette, mercière à Arras, découvre qu’elle peut désormais s’offrir ce qu’elle veut, elle se pose la question : n’y a-t-il pas beaucoup plus à perdre ? Après L’Ecrivain de la famille, couronné par de nombreux prix (parmi lesquels le prix Pagnol et le prix Carrefour du Premier Roman), Grégoire Delacourt déroule une histoire folle et forte d’amour et de hasard. Une histoire lumineuse aussi, qui nous invite à revisiter la liste de nos envies.

 

Avis : Ce livre m’a semblé intéressant à la lecture du synopsis, je me suis imaginée toute une histoire. Mais je ne m’attendais vraiment pas à ce que j’ai lu !

C’est l’histoire de la vie particulière d’une personne banale, de ses désirs, de ses rêves, de ses désillusions, de ses craintes, et de ses envies. Le livre est écrit à la première personne, ce qui permet tout de suite de s’identifier au personnage principal et d’imaginer sa vie. Au fil des chapitres, l’histoire évolue, et l’on en apprend de plus en plus sur cette vie. Le fameux moment où Jocelyne gagne se situe au milieu du livre, on pourrait presque parler d’un découpage du livre en deux parties : la première, sa vie avant, la deuxième, sa vie après, et ses réflexions sur sa vie d’avant. On se demande vraiment ce qu’elle va faire de tout cet argent, qu’elle est la liste de ses envies, si elle les réalisera. Si sa véritable nature se révélera, si elle pense d’abord à elle, ou d’abord aux autres, si la psychologue de la Française des Jeux a raison. Et puis, l’histoire prend un virage à 180° ! Je ne m’y attendais pas du tout ! On change complètement de façon de voir les choses, et on change même de point de vue. La vie de Jocelyne bascule. Je ne l’avais pas prévu et pourtant, en y réfléchissant, il existait quelques indices ! Autre chose : ce livre se lit très rapidement, peut-être un peu trop. On n’a pas vraiment le temps de s’attacher aux personnages et tout évolue et finit très vite.

Les personnages ne sont pas très nombreux, et même si le livre est court, on a vraiment l’impression qu’ils sont vivants. Jocelyne est une femme ordinaire qui a vécu des tragédies personnelles qu’elle a cristallisées de façon particulière. Certaines images ou événements du passé la marquent et elle ne peut pas les empêcher de lui revenir en mémoire. Elle explique la vie, et la dépeint de façon assez pessimiste : ses rêves ne se sont pas réalisés, elle n’a pas choisi sa vie, elle la regrette et ne la regrette pas. Elle ne se rend pas compte qu’elle est heureuse, ou alors elle s’en rend compte trop tard. C’est un personnage un peu émouvant, on la plaint, on la comprend, et on s’imagine à sa place. Mais je n’ai pas réussi à m’attacher vraiment à elle. Jocelyn ne nous est décrit que par les yeux de sa femme. On n’a donc qu’une image incomplète, idéalisée ou diabolisée de lui, mais jamais objective, jamais prise avec du recul. Il est très ambivalent, pas vraiment cohérent (vision subjective oblige). On ne le connaît vraiment qu’à la toute fin. Si tous les hommes pouvaient se faire la même réflexion que lui à la fin … Les enfants du couple sont peu présents mais on les connaît quand même : Nadine m’a semblé attachante, touchante. Je me suis imaginée Romain comme presque tous les autres garçons : en rébellion contre ses parents et ne se rendant pas compte de sa chance. Les parents de Jocelyne semblent merveilleux, mais ils ne le sont plus au moment où elle parle.

Ce livre pose vraiment la question de l’argent et du bonheur : est-ce que l’argent fait le bonheur ? Est-ce qu’il peut tout remplacer, tout apporter ? Est-ce qu’il peut remplacer l’amour ? Est-ce que l’on agirait comme les personnages du roman ? La réponse semble claire, et pourtant, la tentation semble grande. Tout semble à porter de main, et tout semble s’échapper en même temps. On a un aperçu des deux façons de réagir, et il n’y a pas photo !

La fin m’a un peu déçue. Elle était complètement inattendue pour moi. Elle m’a surprise, et choquée. Comment peut-on faire ça ? Est-ce que c’est vraiment possible ? Je n’ai pas voulu y croire et pourtant …

 

Un bon livre, qui nous oblige à nous remettre en question sur le rapport entre l’argent et le bonheur. Il nous offre la vie d’une femme qui a complètement changée à cause d’un chèque, et nous force à nous imaginer dans sa situation.

Bérénice de Racine

Posté : 1 avril, 2014 @ 10:27 dans Avis littéraires | 1 commentaire »

Bérénice Genre : Classique, Théâtre

Editeur : Librio

Année de sortie : 2013

Nombre de pages : 66

Synopsis : « Vous êtes empereur, seigneurs, et vous pleurez. » Un empereur romain ne peut épouser une reine étrangère. Cette implacable loi plonge l’empereur Titus dans le désespoir le plus profond. Amoureux fou de Bérénice, reine de Palestine, il doit cependant se résoudre à la quitter. Sa décision est irrémédiable, il choisit d’assurer sa gloire. Mais à l’idée de l’annoncer à Bérénice, l’empereur chancelle … Représentée pour la première fois en 1670, cette pièce est l’un des plus grands succès de son auteur. Tout en respectant scrupuleusement les règles de la tragédie classique, elle étonne par sa modernité dramatique.

 

Avis : J’aime beaucoup la tragédie, qu’elle soit antique ou classique. J’en ai déjà beaucoup lues, celle-là pas encore, et je voulais la comparer avec celle de Corneille, Tite et Bérénice, que j’avais beaucoup aimée.

Le talent de Racine est indéniable : de magnifiques vers, un sujet tragique, des personnages et un décor antique. Le style est chantant, comme il doit l’être pour une bonne tragédie. On sent l’harmonie des vers, on entend la musique de chacun d’eux. Cela nous porte. On sent vraiment la virtuosité du dramaturge, que l’on peut aisément qualifier de poète. Certains vers sont si beaux qu’on se les répète en en appréciant la mélodie.

Le sujet antique est classique (on peut le dire) pour une tragédie. Titus ne peut pas épouser Bérénice, et elle ne le sait pas encore, elle, éperdue d’amour pour lui. Et lui, qui souffre comme jamais en sachant qu’il doit l’abandonner … Quelle tristesse tout le long du livre … On ne peut que déplorer les choix des différents personnages. Titus, qui ne sait pas prendre de décision claire, et qui semble préférer la gloire et l’empire à celle qu’il aime. Bérénice, qui ne comprend pas ce qui lui arrive et qui sera la dernière à le savoir. Antiochus, qui ne sait pas non plus faire un choix. En réalité, seule Bérénice sait ce qu’elle veut, et comprend peu à peu qu’elle ne l’obtiendra pas. Les hommes semblent se jouer d’elle, semblent se la disputer. Et elle ne peut rien faire. On sait bien sûr que cela finira mal, et pourtant, comme toujours, on s’imagine que ça pourrait bien finir, on se dit : « S’ils font ça, ça se passera bien, si elle lui dit ça, s’il lui dit ça … ». L’histoire est faite de « si » qui ne se réalisent pas. Et la tragédie avance sans que personne n’y puisse rien.

Le contexte est très bien expliqué. Rome ne supporte pas les rois depuis la Royauté et l’abus du dernier roi, Tarquin le Superbe, qui viola Lucrèce. Après que les Romains l’aient chassé, ils ne voulurent plus jamais de roi (l’empereur n’est pas un roi, il n’en porte pas le nom, même s’il a les mêmes pouvoirs). Et un empereur romain n’a pas le droit d’épouser une reine (exemples historiques : César, Marc-Antoine) ; Bérénice en est une. On comprend l’impossibilité de ce mariage, et la tragédie prend tout son sens.

 

En définitive, une belle pièce, tant par son sujet que par son style. Un classique à lire !

Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes

Posté : 1 avril, 2014 @ 4:28 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 1 commentaire »

Fragments d'un discours amoureux Genre : Philosophie

Editeur : Editions du Seuil

Année de sortie : 1997

Nombre de pages : 277

Synopsis : S’abîmer, Absence, Adorable, Affirmation, Altération, Angoisse, Annulation, Ascèse, Atopos, Attente, Cacher, Casés, Catastrophe, Circonscrire, Cœur, Comblement, Compassion, Comprendre, Conduite, Connivence, Contacts, Contingences, Corps, Déclaration, Dédicace, Démons, Dépendance, Dépense, Déréalité, Drame, Ecorché, Ecrire, Errance, Etreinte, Exil, Fâcheux, Fading, Fautes, Fête, Fou, Gêne, Gradiva, Habit, Identification, Image, Inconnaissable, Induction, Informateur, Insupportable, Issues, Jalousie, Je-t-aime, Langueur, Lettre, Loquèle, Magie, Monstrueux, Mutisme, Nuages, Nuit, Objets, Obscène, Pleurer, Potin, Pourquoi, Ravissement, Regretté, Rencontre, Retentissement, Réveil, Scène, Seul, Signes, Souvenir, Suicide, Tel, Tendresse, Union, Vérité, Vouloir-saisir

 

Avis : Ayant des cours sur l’amour en philosophie, nous sommes passés par ce livre, un classique quand il s’agit de ce sujet. Fabrice Lucchini en parle dans son spectacle Le Point sur Robert, et nous avons visionné quelques extraits. Cela m’a vraiment donné envie de lire le livre dans sa totalité !

Avant de commencer vraiment le livre, l’auteur nous explique pourquoi il a entrepris de l’écrire. Selon lui, le discours amoureux n’est soutenu par personne, personne n’ose le revendiquer, le porter aux nues, même s’ils le parlent dans leur cercle privé. L’auteur, lui, décide de le soutenir, de l’expliquer, de montrer ce qu’est l’état d’amour. Il nous parle de toutes les étapes de l’amour, en passant de sa naissance à sa mort. Il s’appuie sur de nombreux auteurs pour soutenir son propos, et notamment Les Souffrances du jeune Werther de Goethe. Le livre est parcouru par cette œuvre, d’où l’auteur tire de nombreux exemples. Ne l’ayant pas lu, je pense que j’ai été désavantagée ; mais Barthes m’a donné envie de lire l’œuvre de Goethe dès que possible ! Elle a l’air d’illustrer toutes les étapes de l’amour, et, par la même occasion d’illustrer Fragments d’un discours amoureux.

L’expérience vécue pendant la lecture de ce livre est vraiment très étrange et très impressionnante ! On dirait que Barthes a lu dans nos pensées, qu’il a vécu exactement les mêmes choses que nous. En effet, presque tout ce qu’il décrit a effectivement été vécu. Tous nos sentiments, toutes nos sensations, tout ce qu’on s’est dit : tout est dans ce livre ! On dirait le manuel des pensées d’un amoureux, la prédiction de ce qu’il va faire, de ce qu’il n’a pas encore fait, et la mémoire de ce qu’il a déjà fait. On se retrouve tellement dans ce livre qu’on en ait parfois choqué : par exemple, j’ai compris pourquoi je n’aimais pas que l’on me réponde simplement « moi aussi » quand je dis « Je t’aime ». On parcourt les pages, et l’on a l’impression de se lire. C’est vraiment troublant, un peu effrayant. Bien sûr, les détails de chaque histoire sont différents, et certaines définitions ne seront peut-être jamais vécues, mais l’on a vraiment un sentiment de familiarité, de vécu en lisant cette œuvre.

Les définitions sont appuyées par des exemples, et, comme je le disais, sans avoir lu Les Souffrances du jeune Werther, cela donne envie de le lire. Et même en ne l’ayant pas lu, on comprend. D’autres auteurs sont cités comme Winnicott, Nietzsche, Freud ou Stendhal ; les exemples ou citations viennent de romans, d’essais, de correspondances ou de journaux. On peut vraiment dire que c’est un livre complet, dans lequel on se retrouve, et dans lequel les nombreux renvois à d’autres ouvrages montrent la recherche de l’auteur sur le sujet. Enfin, l’auteur donne aussi des exemples tirés de sa propre vie, et l’on s’en rend compte. Il a donc vraiment vécu ce qu’il nous raconte, et l’on s’en aperçoit avec la façon dont il en parle. 

 

En définitive, un livre très intéressant, bien écrit, qui nous laisse un sentiment étrange, entre fascination et trouble. A lire pour tout amoureux (et même pour ceux qui ne le sont pas !)

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