Sur Racine de Roland Barthes
Editeur : Points
Année de sortie : 2005
Nombre de pages : 167
Synopsis : Parler de Racine, ce n’est nullement proposer une vérité définitive de Racine, c’est participer à notre propre histoire en essayant sur Racine notre langage : celui qui est utilisé ici doit à la psychanalyse et au structuralisme, sans cependant prétendre les accomplir l’une et l’autre.
Voici donc réunis des textes qui constituent finalement une réflexion sur la critique littéraire, soit d’une façon directe lorsque l’auteur demande à la critique universitaire d’assumer la psychologie sur laquelle elle se fonde, soit indirectement, lorsqu’il confronte Racine à l’un des langages possibles de notre temps.
Avis : En étudiant la littérature, comment ne pas passer par Roland Barthes ? Il semble avoir écrit sur tout, et donc sur le théâtre aussi. J’appréhendais parce que j’ai déjà lu du Barthes et c’est … souvent incompréhensible.
Dans ce livre, j’ai trouvé énormément de choses intéressantes, et j’ai (pratiquement) tout compris. Il est divisé en trois parties : L’homme racinien, Dire Racine et Histoire ou littérature ? J’ai préféré la première partie, sans doute parce qu’elle parle clairement des œuvres et des personnages créés par le dramaturge. L’analyse est très fine, mais on sent clairement l’influence de la modernité et celle de la psychanalyse. Peut-être un peu trop. Ce n’est plus objectif (est-ce que cela l’a déjà été ?) et on sent que quelque chose est délaissé, oublié, remplacé.
C’est ce livre qui a déclenché la querelle de la Nouvelle Critique. Vivant à notre époque, il est compliqué de comprendre pourquoi : sans doute parce que les codes ne sont pas du tout les mêmes, peut-être parce que les lectures psychanalytiques des œuvres classiques ne sont pas acceptées, ou encore parce que les analyses n’ont jamais été aussi loin. Difficile de savoir.
Les « résumés » des pièces de Racine dans la première sont ce qui m’a le plus intéressée. Ils semblent expliquer pas mal de choses dans les œuvres que j’ai lues, et on découvre des choses que l’on aurait jamais pensé trouver. Aussi, on se rend compte que, souvent, l’on ne lit pas du tout comme les théoriciens : ce que Barthes se dit sur Bérénice ou Phèdre par exemple, souvent, je ne me le suis pas dit. Il est vrai que Bérénice se fait clairement chasser, et que Phèdre incarne un monstre et une victime à la fois, mais certaines théories sont vraiment poussées, et le lecteur lambda ne peut certainement pas se dire ce genre de choses à la lecture des textes. Parfois, je me dis que le lecteur est quand même le plus important car, sans lui, il n’y aurait pas de lecture : alors pourquoi chercher à théoriser ? Bien sûr, la théorie est très intéressante, et explique beaucoup de choses, mais elle n’est pas toujours nécessaire pour la lecture. Elle sert parfois à comprendre ce que l’on ressent, par exemple, quand on lit un poème et qu’on se dit qu’il est magnifique, ou quand on sent une certaine poésie dans un roman ; mais je pense qu’elle ne doit pas empiéter sur le territoire de la lecture.
Les deux autres parties sont plus complexes à appréhender et m’ont clairement moins intéressée. J’avoue que je n’aime pas trop chercher à savoir ce qui se cache derrière un auteur, je préfère laisser faire le texte, et j’aime lire par moi-même, sans analyse et sans théorie.
En fin de compte, un livre intéressant, mais pas abordable pour tout le monde, et qui laisse une vision très particulière des pièces de Racine.
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