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I found myself in Wonderland.

Phèdre de Racine

Classé dans : Avis littéraires — 5 avril 2014 @ 20 h 28 min

PhèdreGenre : Classique, Théâtre

Editeur : GF

Année de sortie : 2009

Nombre de pages : 148

Synopsis : Quel feu secret dévore Phèdre ? Qu’adviendrait-il pour peu que paraisse au jour la « flamme si noire » de son amour impur ? … En s’appropriant un des grands sujets tragiques de l’Antiquité, Racine a composé la plus sombre, la plus sublime, la plus éperdue de nos tragédies : la marche implacable et funèbre de son intrigue est comme une invite à méditer sur les fureurs du désir et de la passion, sur les monstres tapis dans les replis du labyrinthe de l’âme.

 

Avis : J’avais déjà lu Phèdre, et je me souvenais avoir aimé. Je l’ai relu pour les cours, et j’aime toujours autant.

Phèdre est évidemment LA tragédie classique. Nous y retrouvons le style virtuose de Racine, les vers harmonieux, leur mélodie, les sonorités chantantes. On sent déjà le talent du dramaturge, avant même de saisir le sens. Encore une fois, on peut comparer l’auteur à un poète.

Evidemment, le sujet prend son origine dans l’Antiquité. Phèdre, la sœur d’Ariane, la fille de Minos, a épousé Thésée, le vainqueur du Minotaure, celui qui a laissé Ariane au désespoir avant qu’elle ne soit recueillie par Dionysos qui deviendra son époux. Tout semble aller pour le mieux, et la haine que Phèdre porte à Hippolyte semble légitime dans la mesure où il est le fils de Thésée avec une autre femme, une Amazone. Mais l’on découvre vite que cette haine cache autre chose, quelque chose d’incestueux, quelque chose qui ne devrait pas avoir lieu d’être. Tout le long de la pièce, Phèdre se bat avec ses sentiments, tente de les réprimer, et ne parvient qu’à les aviver. Finalement, elle sera cause de la perte de celui qu’elle aime alors même qu’elle tente de le sauver. On monte clairement dans un crescendo d’horreur : d’abord la découverte des sentiments de Phèdre, puis une mauvaise nouvelle, vient ensuite une bonne nouvelle, qui est mauvaise pour certains, une tentative de cacher les sentiments de la reine qui se solde par une malédiction et une mort affreuse.

Malgré cette horreur omniprésente provoquée par Phèdre, je me suis attachée à ce personnage. Elle n’est que le jouet des dieux, elle ne peut rien contre ses sentiments. C’est comme s’il lui était demandé d’arrêter de respirer : comment peut-elle s’empêcher d’être amoureuse ? Ce n’est pas quelque chose que l’on contrôle, nous en faisons tous l’expérience (sans être soumis aux dieux olympiens bien sûr). La fatalité est omniprésente dans cette pièce, comme dans les tragédies grecques (Œdipe roi). Les morts qui s’enchaînent semblent inévitables, et même, on s’y attend. Comme souvent, un personnage se retrouve seul, sans aucun être aimé, et c’est en partie sa faute. Cette fatalité s’explique également par tout un ensemble de malédictions jetées sur les uns et les autres : Phèdre est maudite parce qu’elle est fille de Minos et Pasiphaé, cette dernière s’étant accouplée à un taureau et ayant donné naissance au Minotaure qui terrorisait les Crétois. Ses ancêtres lui ont légué leur fardeau. La seule qui semble épargnée est Ariane, qui finira par devenir la femme d’un dieu. Thésée lui aussi est peut-être maudit : il a réalisé de nombreux exploits, mais il a brisé le cœur de la sœur de sa femme, qui l’a pourtant aidé à se sauver. Leurs deux malédictions rejaillissent sur les autres personnages.

Enfin, on peut dire que cette pièce doit être superbe à jouer. On imagine très bien le jeu de scène des acteurs, leurs expressions, leurs gestes, leurs attitudes. L’œuvre donne envie de la voir jouée.

 

En définitive, une superbe pièce, qui rappelle quelques mythes antiques et montre le talent de son auteur.

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