En attendant Godot de Samuel Beckett
Editeur : Les Editions de Minuit
Année de sortie : 1991
Nombre de pages : 134
Synopsis : « Vous me demandez mes idées sur En attendant Godot, dont vous me faites l’honneur de donner des extraits au Club d’essai, et en même temps mes idées sur le théâtre. Je n’ai pas d’idées sur le théâtre. Je n’y connais rien. Je n’y vais pas. C’est admissible. Ce qui l’est sans doute moins, c’est d’abord, dans ces conditions, d’écrire une pièce, et ensuite, l’ayant fait, de ne pas avoir d’idées sur elle non plus. C’est malheureusement mon cas. Il n’est pas donné à tous de pouvoir passer du monde qui s’ouvre sous la page à celui des profits et pertes, et retour, imperturbable, comme entre le turbin et le Café du Commerce. Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention. Je ne sais pas dans quel esprit je l’ai écrite. Je ne sais pas plus sur les personnages que ce qu’ils disent, ce qu’ils font et ce qui leur arrive. De leur aspect j’ai dû indiquer le peu que j’ai pu entrevoir. Les chapeaux melon par exemple. Je ne sais pas qui est Godot. Je ne sais même pas, surtout pas, s’il existe. Et je ne sais pas s’ils y croient ou non, les deux qui l’attendent. Les deux autres qui passent vers la fin de chacun des deux actes, ça doit être pour rompre la monotonie. Tout ce que j’ai pu savoir, je l’ai montré. Ce n’est pas beaucoup. Mais ça me suffit, et largement. Je dirai même que je me serais contenté de moins. Quant à vouloir trouver à tout cela un sens plus large et plus élevé, à emporter après le spectacle, avec le programme et les esquimaux, je suis incapable d’en voir l’intérêt. Mais ce doit être possible. Je n’y suis plus et je n’y serai plus jamais. Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur temps et leur espace, je n’ai pu les connaître un peu que très loin du besoin de comprendre. Ils vous doivent des comptes peut-être. Qu’ils se débrouillent. Sans moi. Eux et moi nous sommes quittes. » Samuel Beckett, Lettre à Michel Polac, janvier 1952.
Avis : Je n’avais jamais lu de pièce de Beckett, et je me suis vue dans l’obligation d’en lire une. Je savais que Beckett écrivait surtout de l’absurde, et en ayant lu le synopsis, je me suis posée des questions.
Je n’ai pas du tout aimé. Je me suis ennuyée la plupart du temps, je n’ai pas réussi à lire cette pièce au second degré, même si je me doute qu’il doit y en avoir un. Apparemment, je ne suis pas une grande fan de l’absurde. Je n’ai vu aucun intérêt dans toute l’histoire (mais est-ce qu’il y a vraiment une histoire ?). Bien sûr, Godot peut être Dieu, surtout parce qu’il doit apporter le salut aux deux personnages principaux, Vladimir et Estragon. Cette pièce montre l’attente, et peut-être est-ce aussi une critique de la religion : on attend le salut, on attend le sauveur, mais au fond, il semble ne jamais venir.
Les personnages sont assez difficiles à définir. Vladimir et Estragon semblent amis, et assez vieux. Ils semblent aussi avoir attendu Godot toute leur vie. La journée recommence indéfiniment : l’un oublie la mémoire au fur et à mesure, l’autre semble le seul lucide, mais il est aussi absurde que les autres. Ils ont du mal à avoir une conversation censée, et même à poursuivre une quelconque conversation. Ils se disputent, et se réconcilient aussitôt, ils s’aident à faire des choses absurdes. On a parfois du mal à suivre. Pozzo et Lucky, quant à eux, sont encore plus absurdes que les deux premiers. Pozzo se transforme bizarrement quand il reparaît sur scène, Lucky est un pauvre esclave qui ne parle que pour dire des choses qui ne semblent pas avoir de sens, et qui semblent pourtant profondes. Une pléiade de personnages tous plus étranges les uns que les autres.
La fin est le recommencement de la journée passée. Si la pièce se poursuivait, on revivrait la même journée, la même chose encore une fois. La vie de Vladimir et Estragon est une boucle sans fin.
En définitive, je pense sincèrement que je n’ai pas su apprécier cette pièce à sa juste valeur. Je n’ai pas aimé du tout, et je pense que je ne relirai pas de sitôt une nouvelle pièce de Beckett.