A l’ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust
Editeur : Garnier
Année de sortie : 2009
Nombre de pages : 741
Synopsis : Voici, avec Rabelais, sans doute, Stendhal, Hugo, Balzac et Flaubert, le plus grand romancier de notre littérature. A l’ombre des jeunes filles en fleurs prend la suite de Du côté de chez Swann et constitue la deuxième partie du cycle proustien. Paru à la N.R.F. en novembre 1918, le livre obtient, grâce en partie à une campagne enthousiaste de Léon Daudet, le prix Goncourt en décembre 1919. Il apporte enfin à Marcel Proust une reconnaissance qu’il attendait depuis longtemps. Du côté de chez Swann racontait l’amour de Charles Swann pour Odette de Crécy. A l’ombre des jeunes filles en fleurs s’ouvre sur l’amour du narrateur pour Gilberte, la fille de Swann et d’Odette. L’intelligence, bien entendu, mais aussi un profond pessimisme sont au cœur d’A la recherche du temps perdu et d’A l’ombre des jeunes filles en fleurs. Proust, qui était si gentil dans la vie de chaque jour, est impitoyable dans son livre. Son décor est fait de beauté, d’arbres en fleurs, d’œuvres d’art, d’élévation – et de cruauté entre les êtres. Cette cruauté, qui éclatera dans Sodome et Gomorrhe et dans La Prisonnière, est déjà présente dans A l’ombre des jeunes filles en fleurs. Il est difficile de lire Proust, qui est longtemps passé pour un auteur ennuyeux, sans éclater de rire. Le comique des descriptions, des attitudes, des conversations ne cesse jamais de se conjuguer avec le charme des haies d’aubépines et des jardins sous le soleil, et avec l’horreur de ces passions qui torturent les humains.
Avis : J’avais vraiment aimé le premier tome d’A la recherche du temps perdu, j’ai donc eu moins d’appréhensions à aborder ce deuxième tome assez volumineux et tout de même impressionnant, que je devais lire pour les cours. J’ai commencé ce volume en Décembre, et je ne le finis que maintenant, non pas parce qu’il est très difficile à lire, ni parce qu’il est ennuyeux, mais parce que j’avais d’autres choses à faire et que, j’avoue, je l’ai un peu oublié … (shame on me !)
Ce deuxième tome est vraiment bien, même si je lui préfère quand même le premier. Les phrases sont toujours aussi longues, parfois même lourdes, on s’y perd un peu parfois, mais cela vaut vraiment le coup. Une fois dedans, on suit le fil qu’a tendu l’auteur et on a envie de savoir, on a envie que cela continue. Dans ce tome, on ne suit que le narrateur, dans son périple à Paris puis à Balbec. Il est facile de passer de la première à la deuxième partie, et on ne se rend pas compte du temps qui passe dans le livre.
La première partie est consacrée à l’amour du narrateur pour Gilberte, la fille de Swann et Odette. Le narrateur nous livre ses pensées, utilise de nombreuses images pour décrire ce qu’il ressent. En réalité, tout ce qu’il voit ou ressent est métaphorisé. Son histoire avec Gilberte est particulière : il l’aime, mais il ne lui dira pas, et il finira par l’oublier quand il partira pour Balbec. Dans cette partie, le narrateur nous parle aussi d’Odette, qui le fascine, et de son envie de plaire aux parents de Gilberte pour être accepté chez elle, ce qu’il finira par être. C’est également ici que le narrateur entretient des relations avec M. de Norpois et Bergotte, son idole. Il se sent déjà une vocation d’écrivain et cherche à s’inspirer de son modèle. Ses relations à Paris sont exposées, et l’on découvre déjà son envie de se rapprocher de ceux qu’il aime sans leur dire, de se les attacher, ce qui arrivera aussi avec Albertine dans la deuxième partie.
Dans celle-ci, le narrateur part pour Balbec, l’endroit où il désirait tant aller ! Mais il est déçu de le découvrir, il l’imaginait autrement. On retrouve le motif de la chambre, hospitalière ou hostile, à laquelle il devra s’habituer. Il est parti avec sa grand-mère et Françoise. Dans cette partie, le narrateur poétise le monde, et surtout, sa fenêtre qui donne sur la mer, et qu’il transforme en tableau. On découvre de forts liens entre la peinture et la littérature, mais également entre l’architecture et la littérature. La cathédrale, motif qui servit à l’auteur pour écrire son œuvre, revient à intervalles réguliers dans le livre. La poésie se mêle très largement à l’œuvre de Proust et la rend agréable, imagée. D’autres choses que ce que le narrateur décrit se cachent derrière les choses vues. Dans cette partie, le narrateur fait la connaissance d’Elstir, le peintre, mais également d’Albertine et de sa bande. On découvre ses hésitations amoureuses, sa passion, son désir, mais aussi ses déceptions quand il se rend compte que les gens ne sont pas tels qu’il les avait imaginés.
Le livre se finit sur le départ du narrateur de Balbec. On peut penser qu’il y retournera, et qu’il retrouvera les personnages importants qui ont été présentés ici. Le tome se termine sur un dernier tableau, puisque Françoise ouvre les rideaux sur la fenêtre que le narrateur observe chaque jour. Le temps se trouve également dans cette fin, puisque le jour d’été est assimilé à une momie en robe d’or, donc déjà mort.
On comprend le titre en ayant lu le livre en entier : Gilberte est une des fleurs, mais les jeunes filles en fleurs sont clairement les filles de la bande, toutes comparées à des fleurs différentes, mais aussi dans la fleur de l’âge, au moment où les désirs s’éveillent. Cela fait encore partie de la poétisation du monde du narrateur.
Un seul petit bémol : l’édition. Fautes à répétition, phrases mal construites, oubli de mots, ajout de bouts de phrases déjà écrits : c’est déjà assez compliqué à lire sans qu’en plus, on nous mette des bâtons dans les roues ! C’est vrai que c’est une belle édition, mais je préfère celles qui sont écrites convenablement !
C’est donc un très bon deuxième tome, empli d’émotions diverses, assez long, mais vraiment plaisant et qui donne envie de lire la suite !
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