Les sœurs Charbrey, tome 1 : Sans orgueil ni préjugé de Cassandra O’Donnell
Éditeur : J’ai lu
Année de sortie : 2013
Nombre de pages : 253
Synopsis : Le mariage ? Morgana Charbrey ne veut pas en entendre parler. Sa passion dévorante pour les sciences emplit suffisamment sa vie sans qu’elle ait besoin de s’encombrer d’un époux. Cette soif d’indépendance, elle la dissimule derrière une prétendue maladie qui la contraint à rester recluse chez elle, à l’abri des regards courroucés de la haute société. En accompagnant sa jeune sœur Rosalie faire ses débuts à Londres, Morgana était loin d’imaginer que sa beauté et son caractère emporté attireraient l’attention de l’insupportable et ô combien séduisant comte Greenwald …
Avis : Je ne m’attendais pas à aimer ce livre, je n’aime pas trop ceux où tout est facile, où tout le monde s’aime, mais c’est vrai que, parfois, ça fait du bien. Je trouvais déjà le sujet intéressant et je me demandais comment l’auteure allait traiter le fait qu’une jeune fille de bonne famille ne veuille pas se marier. La couverture est assez sympathique, la couleur est vive et reflète assez bien le caractère de Morgana. J’aime beaucoup les histoires qui se passent au temps des rois et des reines, et c’est clairement ce qu’annonce ce livre.
L’histoire est donc intéressante, le sujet peut appeler un tas de possibilités. Il est traité de façon simple, avec des retournements de situations auxquels on peut s’attendre, mais que l’on apprécie de lire tout de même. En réalité, j’ai été emportée par l’histoire, j’avais vraiment envie de savoir comment tout allait se terminer (même si je m’en doutais quand même), et je ne pouvais pas m’empêcher de reprendre le livre dès que je pouvais. Les déboires de Morgana sont captivants, elle se laisse assez (peut-être même trop) facilement séduire par le comte Greenwald, qui semble lui aussi très attiré par la jeune fille. Concrètement, rien ne les sépare, mais Morgana pense sincèrement qu’elle ne peut pas se marier, jusqu’à faire des propositions assez particulières au comte. L’histoire entremêlée de Rosalie est moins captivante, mais tout de même intéressante. La jeune fille « cherche » un mari, ne semble pas vraiment disposée à en trouver un ; tous l’ennuient, et l’un d’eux est clairement condescendant. L’histoire évolue, et parfois, on se rend compte de certaines ellipses temporelles. Le cadre du livre est enchanteur : tout d’abord, la demeure Charbrey, qui semble idyllique, puis Londres et ses bals, qui font rêver. Cela donne envie d’y être.
Les personnages font beaucoup dans ce livre. Morgana est une héroïne courageuse, qui n’a aucune confiance en les hommes et qui pense que les femmes ont exactement les mêmes capacités mais qu’elles ne sont pas reconnues à raison de leur sexe. Elle s’adonne aux sciences, sa passion, et ne se soucie absolument pas du regard des autres. Même lors des bals où elle accompagne sa sœur, elle s’habille comme bon lui semble, parle au comte comme elle le veut et ne prend de gants avec personne. L’idée du mariage ne l’effleure pas un instant à cause de ses nombreuses responsabilités. Elle est indomptable, et le comte le remarque vite. Honnêtement, je ne pense pas que ce genre de situations ait été possible à cette époque, mais on peut toujours rêver, ou espérer que cela l’ait été. Morgana est attachante, elle ne m’a pas du tout agacée, contrairement aux héroïnes féminines habituelles. Par contre, je trouve qu’elle se laisse très vite séduire pour une femme complètement contre le mariage et le comte. Quant à lui, il est assez imposant, et on se dit, au début, que l’on n’aimerait pas rencontrer quelqu’un comme lui un jour. Il est inconvenant, dépravé selon sa réputation, et coureur de jupons. Morgana pense même qu’il méprise les femmes, et elle se fait une idée trop rapide de lui (préjugé). Elle niera longtemps son amour pour lui, et c’est au moment où tout semble fini qu’elle se l’avoue (orgueil). Parfois, le comte est impressionnant dans sa façon d’agir, mais l’on se rend compte qu’il aime sincèrement Morgana. Rosalie, partie à Londres sur ordre de sa sœur, est un personnage aimant, qui ne se sent bien que chez elle. Les deux fillettes, Daphné et Marie, sont un peu plus absentes, surtout Daphné. L’on a un simple aperçu du caractère de Marie à la fin, où elle se révèle d’ailleurs très attachante elle aussi.
Ayant lu Cinquante nuances de Grey récemment, j’ai réussi à faire un petit rapprochement qui m’a amusé ; mais les deux livres n’ont rien à voir du tout, il ne s’agit pas de dominant et de soumise, de sadomasochisme ou de quoi que ce soit qui y ressemble. Il y a deux scènes sexuelles, mais rien de bien choquant.
Ce livre traite bien sûr du rôle des femmes dans la société à l’époque : elles ne sont considérées que grâce à leur mari, elles n’ont pas les mêmes droits que les hommes, et, comme Morgana le dit, les hommes peuvent faire ce qu’ils veulent (coucher à droite à gauche, s’adonner aux sciences) sans que rien ne leur soit dit, mais les femmes n’en ont strictement pas le droit. Morgana fait bien sûr exception à la règle, mais je ne suis pas sûre que cela se soit passé en réalité à cette époque. Ce livre montre un peu ce qu’une femme comme Morgana aurait pu faire, mais cela n’a sans doute pas réellement existé. La famille Charbrey aurait été la famille idéale, où les femmes peuvent choisir leur mari et rester libres de faire ce que bon leur semble.
La fin est prévisible, mais tout de même belle. On aimerait que toutes les histoires se finissent de cette façon. Certains diront que c’est trop facile (ce n’est pas faux), mais cela redonne de l’espoir, ou au moins fait sourire.
En définitive, un livre sympathique, qui traite un sujet intéressant. Le fait que la fin soit prévisible ne gâche pas du tout le plaisir que l’on a à lire ce livre. Je lirai sans doute la suite.