Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Du côté de chez Swann de Marcel Proust

Classé dans : Avis littéraires,Coup de cœur — 19 novembre 2013 @ 22 h 18 min

Du côté de chez SwannGenre : Classique

Editeur : Folio

Année de sortie : 2011

Nombre de pages : 574

Synopsis : Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté … Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.

 

Avis : Qui n’a pas d’appréhension en abordant un monument comme Proust ? J’avais tellement entendu parler de son œuvre qu’en apprenant que je devais le lire, je me suis dit que je n’arriverais jamais à la fin ou que je le finirais sans rien avoir compris, que je n’aimerais pas et que ce serait dur.

Alors, oui, c’est vrai, parfois, son écriture est un peu lourde, ses phrases sont un peu (franchement !) longues, et l’on est obligé de reprendre des paragraphes entiers pour se souvenir du début d’une action. Mais je vous assure qu’il vaut vraiment le coup !! C’était vraiment génial !! La façon qu’à Proust de vouloir retrouver le Temps Perdu est tellement belle que l’on est emporté dans son histoire. Je me suis facilement attachée aux personnages, j’ai réussi à suivre toute l’intrigue qui m’a vraiment passionnée. On passe facilement de la première à la deuxième partie ; plus difficilement de la deuxième à la troisième, mais on reprend vite le fil de l’histoire. En réalité, dans ce premier tome, deux vies s’entremêlent : celle du narrateur, dont on ne connaît pas le nom, et celle de M. Swann. Les parties alternent entre la vision des deux.

Dans la première partie, nous découvrons le narrateur et sa vie à Combray. Il est très tentant de le confondre avec l’auteur, de s’imaginer qu’il parle en réalité de son enfance, de sa vision des choses. Et c’est vrai que, parfois, on ne peut pas s’en empêcher. Cette partie est marquée par le désespoir du héros à se séparer de sa mère : qui n’a jamais ressenti cela en étant petit, même si ce n’est pas de la même manière que le petit narrateur ? L’enfant parle également des personnes avec lesquelles il vit : ses grands-parents, auxquels il est très facile de s’attacher, ses parents (son père paraissant un peu froid, sa mère un peu insensible, même si ce n’est pas vraiment le cas), ses tantes (dont Léonie, de laquelle je garde un souvenir particulier) et Françoise, la bonne de sa tante Léonie. Il découvre la vie, le monde (qui se limite à Combray, Balbec et Paris) et surtout les Swann (avec lesquels il passe d’un sentiment à un autre en très peu de temps). Le petit narrateur nous transporte dans son monde, nous fait partager ses impressions et reste émouvant avec sa vision d’enfant. En lisant cette partie, je me suis dit que, si l’auteur gardait la même écriture tout le long de sa série, j’allais vraiment adorer tous les tomes.

La seconde partie est consacrée à Swann et son amour, Odette de Crécy. L’on comprend très vite qui elle est vraiment et on ne peut s’empêcher de déplorer la cécité de Swann. Qu’est-ce que sa vie changerait s’il voyait la vérité ! ; mais tout passe par le filtre de son amour, et l’on peut vraiment dire qu’il est aveugle ici. J’ai beaucoup aimé cette partie, qui m’a semblé être la plus longue, et pourtant vraiment passionnante. Il est vraiment intéressant de découvrir l’évolution de cet amour, les situations dans lesquelles se trouvent les deux personnages, les secondaires que l’on découvre, et, ici, Proust nous force à lire entre les lignes.

Enfin, la troisième partie est comme la suite de la première : l’on retrouve le petit narrateur, et ses sentiments pour les Swann sont le centre de l’intrigue. Au début de cette partie, j’ai eu du mal à m’adapter au changement d’univers effectué par l’auteur. J’ai eu peur de m’ennuyer mais finalement, il sait nous faire reprendre goût à son récit. Les deux histoires sont clairement liées tout le long du livre, et je suppose que la même chose est vraie pour les autres tomes.

La fin est une ultime tentation de confondre l’auteur et le personnage : l’on a presque l’impression de voir Proust assis sur un banc à nous donner son avis sur le monde moderne et les nouvelles personnes qui le peuplent, si différentes de celles qu’il a connues et aimées.

Enfin, il faut dire que La Recherche du Temps Perdu commence vraiment dès ce premier tome, fort en émotions. Personnellement, en le lisant, j’ai moi-même ressenti l’horreur du temps qui passe et que l’on ne peut rattraper. Proust avait sans doute cette peur au fond de lui, c’est pourquoi il voulut conserver le temps et s’est immortalisé par son œuvre monumentale.

 

En définitive, un livre formidable qui entre directement dans le cercle restreint de mes livres préférés, des livres qui marquent et que l’on n’oublie pas. J’ai hâte de lire la suite, et je le conseille à tous ceux qui comprennent que le temps, un jour, nous manquera, et que, comme Proust, nous aussi, nous voudrons le retrouver.  

 

Challenge des 100 livres à lire au moins une fois

4 commentaires »

  1. Bianca dit :

    Coucou,
    merci pour cette nouvelle participation, tu es la première à le lire dans le cadre du challenge ! Je m’étais essayé à Proust pendant mes études de lettres mais comme je n’aime pas les longues phrases, je n’avais pas vraiment accroché mais je compte bien retenter un jour !

    • redbluemoon dit :

      Coucou,
      De rien, c’est avec plaisir que je participe à ton challenge !
      Je te conseille de le retenter : quand on arrive à passer au-dessus du style, on entre vraiment dans l’histoire et on comprend pourquoi Proust veut retrouver le Temps. Mais je dois avouer que les longues phrases sont assez compliquées à suivre au début …
      Bonnes lectures !!

  2. Lydie et ses livres dit :

    Comme toi, j’appréhende souvent de lire les monuments de la littérature avec Proust sur la plus haute marche du podium mais souvent je suis agréablement surprise.
    Ton avis sur du Du côté de chez Swann donne envie de passer le pas, à travers tes mots on ressent bien tes émotions et celles du récit.
    As tu envie de lire les volumes suivants de A la recherche du temps perdu ?

    • redbluemoon dit :

      Je suis contente de te donner envie de le lire. C’est vrai que ça fait peur, et qu’on se dit qu’on n’y arrivera jamais, mais si je peux le faire, tu le peux aussi ^^
      Je suis en train de lire le deuxième tome, plus long et un peu plus fastidieux, mais sinon, j’aime beaucoup ! Je compte lire les tomes suivants aussi. Et toi, vas-tu sauter le pas ? ^^

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