La porte de la réflexion de Kévin Iacobellis
Editeur : Bookelis
Année de sortie : 2013
Nombre de pages : 51
Synopsis :Il y a quatre ans, j’ai eu un grave accident de voiture. J’ai perdu une partie de ma motricité et je suis devenu hémiplégique. A cause de mon caractère, ma femme m’a quitté et ma peine n’a fait que s’accentuer. J’étais mal dans ma peau et je n’avais plus la motivation de continuer, c’est alors que je fais la rencontre d’Oscar, celui qui m’a percuté….
Avis : Le titre m’a beaucoup intrigué, je me suis demandée à quoi pouvait référer cette mystérieuse porte. Bien entendu, ce ne pouvait pas réellement en être une, et j’ai décidé de me plonger dans le livre pour le découvrir.
L’histoire est intéressante, et peut facilement toucher les gens. Les émotions du héros sont bien retranscrites, l’on comprend facilement son histoire. L’intrigue est recherchée et l’idée semble ici être de nous montrer ce que les personnes handicapées ressentent lorsqu’elles se voient juger par les autres. Je dois avouer que je ne suis pas toujours d’accord avec le personnage principal (qui, notamment, caricature les femmes) mais, j’ai déjà assisté à des moqueries envers les personnes à mobilité réduite, et ça m’a réellement dégouté. Je n’ai jamais vu l’intérêt. Mais je ne suis pas d’accord pour dire que tout le monde est pareil (et encore moins les femmes !). Certaines personnes ne savent pas comment réagir devant des personnes handicapées, et je trouve cela normal, surtout si la personne en face d’elles les regarde comme si, de toute façon, elles pensaient du mal d’elle. Elles ont peur de les blesser en leur parlant comme si de rien n’était, mais aussi en les considérant comme différentes des autres. Et souvent, comme elles ne savent pas quoi faire, elles ne font rien. Roger semble obnubilé par l’image qu’il renvoie aux autres, et les autres le sentent sans doute. Bien sûr, il y aura toujours des personnes assez stupides pour se moquer, mais je ne pense pas qu’elles soient majoritaires (ou, en tout cas, pas dans mon entourage). Ces personnes seront à jamais débiles et ne méritent pas qu’on s’y intéresse.
Les personnages sont assez complexes et tendent vers le réalisme. Roger est désespéré par la perte de sa femme, et il oscille entre plaintes et motivation. Sa femme (dont on ne connait pas le nom) semble être une égoïste sans nom et l’abandonne à la première difficulté, ce qu’il n’a pas fait. Par contre, je n’ai pas réussi à cerner Oscar. J’ai trouvé qu’il était très contradictoire, lunatique, et que les multiples descriptions qu’en fait le personnage sont en totale opposition avec ce que l’on voit de lui (comment le juge peut-il voir sa peur dans ses yeux, quand le narrateur trouve qu’il cache parfaitement ses émotions ?) En plus, je n’ai pas trop compris où l’action se situe, ni en quelle année.
Je trouve également que le résumé en dit trop, et nous gâche un peu la surprise de découvrir ce qu’il va arriver au héros juste après son accident. La plupart des choses sont dites, et seule la moitié de l’histoire n’est pas dans le synopsis. Il y aussi un problème de chronologie : je me suis complètement perdue à certains moments parce que les actions ne sont pas liées entre elles. Le livre est écrit au présent et au passé, ce qui rend vraiment compliqué la localisation dans le temps du récit. Je me suis parfois dit : « Il a trouvé un travail, il dit qu’il le pratique encore donc, j’en déduis qu’à la fin du livre, il le fera toujours. » Mais en réalité, dans cet ouvrage, le présent n’est pas à employer comme nous l’entendons. C’est le présent du personnage qui vit l’histoire, et pas celui qui la raconte. J’avoue avoir eu du mal à suivre à certains moments. Enfin, en plus du personnage d’Oscar, certaines scènes ou réflexions du narrateur ne sont pas cohérentes. Je n’ai pas compris la scène où il déclare qu’il va se suicider, et où, dans le même paragraphe, il passe à une autre idée sans préambule, sans nous dire pourquoi il a renoncé à l’idée, ce qu’il s’est passé dans sa vie. Les paragraphes sont peut-être mal agencés. Enfin, le manque de dialogue est un peu pesant. On ne se rend pas compte que les personnages parlent, tout est filtré par le narrateur, qui ne relatent que trois fois directement les paroles des autres personnages.
J’ai trouvé la fin très surprenante mais un peu courte, tout comme le livre en lui-même. Certaines idées sont vraiment à développer. Le fond est vraiment super, l’auteur a clairement du potentiel, mais la brièveté du livre fait que l’on n’a rien le temps de voir passer, que l’on n’a pas le temps de s’attacher aux personnages, et qu’eux-mêmes n’ont pas le temps d’organiser leurs pensées.
En définitive, une excellente idée sous-jacente mais un livre trop court et assez contradictoire. Le potentiel est là, mais le développement des idées manque.
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