Jacques le Fataliste de Diderot
Editeur : GF Flammarion
Année de sortie : 2007
Nombre de pages : 364
Synopsis : Le dialogue de Jacques et de son maître, qui voyagent en devisant, ressemble à une causerie à bâtons rompus, à une joyeuse rhapsodie sur la marche du monde : les deux hommes laissent libre cours à leurs pensées et s’entretiennent avec ceux qu’ils croisent. Mais qu’en est-il des amours de Jacques, dont il était question au début de leur conversation ? On s’impatiente de connaître leur récit, sans cesse interrompu, dilaté, retardé. De parenthèses en digressions, de ruptures en rebondissements, Diderot bâtit une œuvre romanesque à l’esthétique nouvelle, d’une prodigieuse modernité.
Avis : Quand j’ai vu Jacques le Fataliste, je me suis dit : « Non, pitié, pas ça ! ». J’avais déjà lu un passage et je n’avais pas aimé du tout ! En plus, la couverture n’est pas spécialement attirante. Mais on se rend vite compte de la symbolique de l’horloge : Jacques finira-t-il enfin le récit de ses amours ou nous laissera-t-il vraiment dans l’ignorance de la fin de son histoire ?
Dans cette œuvre, l’auteur joue énormément avec son lecteur. Il s’adresse à lui dès le début de manière assez peu sympathique, et il lui reproche tout le long du livre de toujours en vouloir plus, de ne pas se contenter de ce qu’il sait et de toujours poser des questions auxquelles l’auteur n’a pas de réponses. En effet, ce sont les personnages qui font l’histoire : l’auteur se dit simplement le narrateur des aventures de Jacques telles qu’elles lui sont arrivées. Il critique à de nombreuses reprises le roman, et déclare plusieurs fois que ce livre n’en est pas un, mais est belle et bien réel, que Jacques et son maître ont existé mais qu’ils ne les a pas connu en personne. Il semble à plusieurs reprises qu’il ne lit qu’un livre qu’il aurait trouvé, puisqu’il parle d’un éditeur. Cette façon d’écrire est assez déroutante pour le lecteur, qui peut avoir déjà rencontrer des auteurs qui lui parle pendant l’histoire parce qu’ils sont le narrateur de leur œuvre, mais jamais un auteur qui semble dénigrer son livre, qui l’ »insulte » et lui dit ne pas savoir la suite de ce qu’il écrit étant donné qu’il n’était pas là quand cela s’est passé.
Je dois avouer que j’ai été assez frustrée par les nombreuses ruptures du texte. Dès que Jacques commence à raconter ses amours, quelqu’un l’interrompt : son maître, l’hôtesse d’une auberge, un cortège funèbre, sa soif … On a la très nette impression qu’il ne finira jamais son histoire, que l’on ne connaitra jamais la fin. J’ai été un peu perdue parmi les nombreuses histoires racontées, mais j’ai fini par m’adapter, que ce soit aux interruptions et histoires de l’auteur ou celles des autres personnages. J’ai apprécié certaines histoires plus que d’autres ; ma préférée est sans doute celle de Mme de la Pommeraye.
Les personnages sont assez complexes : ils ont un passé, un réseau d’amis, d’ennemis et de connaissances, une série d’histoires à raconter, et une vie bien à eux. Jacques est, comme l’indique le titre, fataliste, et il ne cesse de le répéter tout le long de l’œuvre. Doit-on être de son avis ? Je ne suis pas censée me fixer là-dessus, mais je dois avouer qu’il est assez agaçant. Sa phrase fétiche est un peu le refrain du livre. Quant au maître, il semble d’abord effacé face à son valet, et, quand il semble reprendre le dessus, il n’en descend que plus bas. Il semble être tout sauf un maître pour Jacques.
J’ai apprécié la fin, même si j’avoue avoir eu peur à peu près à la troisième page avant celle-ci ! Mais, tout est bien qui finit bien, et, comme dirait Jacques, « c’était écrit là-haut ! ».
En définitive, un classique surprenant que j’ai finalement apprécié contrairement à l’idée que je m’en faisais. Un bon jeu entre auteur et lecteur et une très efficace mise en attente du lecteur, qui ne peut s’empêcher de vouloir connaitre la fin au plus vite !
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.