La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette
Editeur : GF
Année de sortie : 2009
Nombre de pages : 253
Synopsis : La Princesse de Clèves met en scène, à la cour du roi Henri II, un trio tragique : le duc de Nemours est épris de la Princesse de Clèves, qui l’aime en retour, mais est adorée de son époux … Par refus de s’abandonner à une passion coupable, la princesse commet l’irréparable : elle avoue tout au prince. Et cet aveu central dont dépend l’issue du drame a fait couler beaucoup d’encre, ainsi que le résume la romancière Marie Darrieussecq : « Les premiers lecteurs de Mme de Lafayette, au XVIIè siècle, le jugèrent invraisemblable : quelle épouse pense devoir informer son mari de ses tentations adultères ? Au XVIIIè siècle, cet aveu, on l’a trouvé charmant. Au XIXè, immoral. Au XXè, idiot : mais qu’elle l’épouse donc, son bellâtre de cour ! Et au début du XXIè, on dit qu’il ne faut plus lire ce livre, mais c’est encore une autre histoire. »
Avis : La couverture montre une scène du livre que j’avais étudiée en cours et qui ne m’avait pas du tout donné envie de lire un jour le livre. J’ai fini par devoir le lire, comme d’autres livres qui ne me tentent pas. Je me disais qu’il était ridicule de lire l’histoire d’une femme amoureuse qui ne cède jamais à celui qu’elle aime à cause de son mari, qu’elle n’aime pas, et qui finalement, n’est jamais heureuse sans raison apparente.
J’ai été très surprise ! Moi qui pensais que j’allais détester cette lecture, je l’ai beaucoup appréciée ! Certes, le langage utilisé par l’auteure ne convient sans doute pas à tout le monde et certaines tournures de phrases peuvent nous paraitre étranges, mais j’ai vraiment été emportée par l’histoire ! Le livre est centré sur « l’histoire d’amour » entre la Princesse de Clèves et le duc de Nemours, mais ce n’est pas le genre d’histoire qui nous lasse rapidement : on a envie de savoir ce qu’il va arriver, on tourne les pages de plus en plus vite pour découvrir si oui ou non, la Princesse cèdera au duc. C’était un vrai plaisir de découvrir leur histoire : pas une seule fois, je ne me suis dit que c’était « gnan-gnan », ou ringard malgré mes a priori. Les seuls aspects un peu compliqués du livre, excepté le langage, sont les nombreux rapports entre les différents personnages. Il faut se souvenir de qui déteste qui, de qui est marié avec qui, de qui est amoureux de qui, etc. Il y a aussi plusieurs Reines, et elles sont parfois simplement appelées par ce nom, donc on se demande de laquelle l’auteure parle. Sinon, il y a aucune difficulté. Le livre n’est pas long et est découpé en parties (assez mal choisies je trouve, puisqu’elles coupent des dialogues) ce qui permet de se voir avancer dans la lecture.
Les personnages sont assez nombreux et leurs rapports compliqués à retenir. Il est difficile de s’attacher à eux dans la mesure où on ne les connait pas beaucoup, l’action étant centrée sur le triangle amoureux. La Cour est très intéressante, mais peu exploitée comparée à l’histoire des trois personnages principaux. On peut simplement dire qu’elle semble un lieu de débauche, de ragots et de coups bas. La Princesse de Clèves est tout de suite très attachante. Elle semble la seule femme pure et vertueuse de toute la Cour (même la Reine trompe le Roi !). Elle est très différente des autres femmes : elle est très modeste, et ne voit pas l’intérêt de plaire aux hommes. Elle ne connait pas l’amour au début du roman et nous parait toute innocente, dirigée par sa mère, Madame de Chartres. Quand elle découvre la passion, elle est très étonnée de la violence de ses sentiments. J’ai trouvé son histoire touchante et tragique : c’est non seulement la vertu qui l’empêche de céder au duc de Nemours, mais également son entourage : sa mère et son mari lui défendent clairement d’être heureuse autrement que mariée avec le Prince de Clèves, même quand celui-ci ne sera plus. Elle est l’exemple même de la femme vertueuse qui, même si elle n’aime pas son mari, lui restera fidèle jusqu’à sa mort. Je trouvais cela triste qu’elle ne connaisse jamais le bonheur, mais son explication au duc, à la fin du roman, sur la passion et le mariage, m’a paru assez convaincante. Le duc, lui aussi, est touchant dans la passion qu’il ressent pour la Princesse. Il est prêt à faire des choses que jamais il n’aurait faites pour quelqu’un (il est très romantique), mais il ne se rend pas compte de l’ampleur de ses actes sur celle qu’il aime. Dans son emportement, il est égoïste, et ne comprend pas qu’elle le fuit. Il se vante d’être aimé par la femme la plus aimable de la Cour, et il voudrait qu’elle cède à ses demandes ! Comme quoi l’amour fait perdre la tête ! Quant au Prince de Clèves, je n’ai pas pu m’empêcher d’éprouver de la pitié pour lui … Le pauvre ! Epouser une femme qu’il adore pour découvrir qu’elle ne l’aime pas et ne l’aimera jamais parce qu’elle est amoureuse d’un autre …
Les lieux de l’action sont très intéressants : on se perdrait entre les différents personnages et les nombreux lieux où ils se rendent. La maison de la Princesse à Coulommiers est enchanteresse : on aimerait bien se retrouver dans son magnifique jardin, à arpenter les allées de fleurs, et les domaines alentour.
La fin de l’histoire, et du triangle amoureux par la même occasion, ne m’a pas étonnée : elle était logique étant donnée la détermination de la Princesse. Et dire que toutes les autres autour d’elle auraient adoré être aimées sincèrement par deux hommes à la fois !
En fin de compte, un livre qui m’a vraiment surprise et que j’ai beaucoup aimé ! Un classique touchant et tragique à lire pour tous ceux que les histoires d’amour impossibles ne rebutent pas !