Anna Karénine de Léon Tolstoï
Editeur : Le Livre de Poche
Année de sortie : 2012
Nombre de pages : 985
Synopsis : Anna n’est pas qu’une femme, qu’un splendide spécimen du sexe féminin, c’est une femme dotée d’un sens moral entier, tout d’un bloc, prédominant : tout ce qui fait partie de sa personne est important, a une intensité dramatique, et cela s’applique aussi bien à son amour. Elle n’est pas, comme Emma Bovary, une rêveuse de province, une femme désenchantée qui court en rasant des murs croulants vers les lits d’amants interchangeables. Anna donne à Vronski toute sa vie. Elle part vivre avec lui d’abord en Italie, puis dans les terres de la Russie centrale, bien que cette liaison « notoire » la stigmatise, aux yeux du monde immoral dans lequel elle évolue, comme une femme immorale. Anna scandalise la société hypocrite moins par sa liaison amoureuse que par son mépris affiché des conventions sociales. Avec Anna Karénine, Tolstoï atteint le comble de la perfection créative. Vladimir Nabokov.
Avis : Cela faisait longtemps que je voulais lire un grand classique russe, et Anna Karénine me tentait depuis un moment. La beauté de la couverture m’a décidé à l’acheter. Mais, il a encore trainé un moment sur mon étagère avant que je ne le commence : j’avoue avoir eu peur des presque 1000 pages du livre … Autre chose m’a freiné : je trouvais que le synopsis de cette édition en disait trop. Ne connaissant pas vraiment l’histoire, je me suis dit qu’il n’y avait pas de surprise, que, dans un sens, tout était déjà dit : elle allait quitter son mari pour vivre avec son amant et être heureuse avec lui. Mais je ne connaissais pas alors toute la complexité de l’histoire créée par Tolstoï.
Je dois avouer que je n’ai jamais lu un aussi bon roman, même parmi mes préférés. Celui-ci n’est comparable à aucun livre que je connais. Il est vraiment exceptionnel ! Il m’a transporté en Russie, dans les bals de Moscou, aux courses de Pétersbourg. Je m’imaginais facilement les robes des dames, les uniformes des hommes, les pièces et les paysages que l’auteur décrit. De plus, Tolstoï est vraiment un maître dans l’art de décrire la pensée de l’Homme. Tout est tellement réaliste que l’on pourrait presque penser que ces personnages ont vraiment existé !
Dans ce roman, Tolstoï ne se contente pas de raconter l’histoire d’Anna Karénine, mais aussi celles d’autres personnes : Stépan Oblonski, Constantin Lévine, Kitty Stcherbatzkï, Alexis Karénine, Alexis Vronski, et tant d’autres qui traversent l’histoire. Il n’y a pas un personnage principal, mais des personnages principaux. Ils sont tous très complexes, très réalistes. Dès le début, je me suis attachée à Anna, et je me suis très facilement identifiée à elle : l’auteur exprime ses sentiments, ses impressions, ses ressentis avec une telle perfection, que l’on se reconnait en elle. Elle est un peu comme tout le monde : elle se pose des tas de questions, et, n’obtenant pas de réponse, elle réfléchit et aboutit à des conclusions parfois complètement fausses, qui la font réagir excessivement. Je comprenais ses réactions, et pourquoi les autres ne les comprenaient pas. C’est comme si l’auteur avait voulu montrer l’Homme et toute sa complexité dans une seule personne. Dans tous les cas, la condition d’Anna montre que les mariages de raison n’aboutissent à rien de bon, et que l’amour peut mener à la haine très facilement. A la fin du roman, les actes d’Anna sont désespérés et haineux envers Vronski, celui pour qui elle a tout quitté, et qui ne la comprend plus. Les sentiments de ce personnage évoluent au fur et à mesure du livre : tout d’abord, il l’aime passionnément, mais il se rend vite compte que son amour décroit, et qu’il ne peut pas se détacher d’elle, même s’il le voulait. Il est lié à elle parce qu’elle lui a tout donné. Il pense avoir tout sacrifié pour elle mais ne se rend pas compte qu’elle perd plus que lui. Je pourrais encore parler longtemps des personnages, de Lévine, de Kitty, de Dolly, de Stépan, et des autres. Ils jouent tous un rôle particulier, aucun ne se ressemble, tous ont des sentiments différents, des impressions et des opinions différentes. L’auteur nous montre la vie telle qu’elle est, dans toute sa diversité. Et tous nous sont sympathiques, à leur manière.
Ce roman est parcouru d’événements heureux et malheureux, qui semblent inévitables. On peut passer d’une scène heureuse à une scène tragique en quelques secondes, comme lors du bal où Anna se rend et où se trouvent également Vronski et Kitty. On ne peut s’empêcher d’être ému à certains moments. La fin de la Septième Partie est particulièrement émouvante. Le seul petit bémol serait que l’on ne connait pas la réaction des personnages sur l’événement qui se produit à ce moment-là et, surtout, celle d’Alexis Karénine, qui me semble l’un des principaux intéressés.
En définitive, Anna Karénine est un roman exceptionnel, si réaliste que c’en est parfois troublant. A lire absolument !
Un commentaire »
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Merci beaucoup pour ton commentaire, ça me fait très plaisir. Je débute, donc j’essaie de faire au mieux, mais ce n’est pas toujours si simple. J’ai peur de ne pas en dire assez. Ce n’est pas trop court à ton goût ?
J’aime beaucoup tes chroniques, elles sont très instructives, et ton avis m’aide beaucoup à orienter mes lectures.
Ce livre classique m’a toujours tenté et fait partie de ma wish-list.
Je te laisse mon mail si tu veux discuter de lecture, ce serait sympa: lalibrosphere@gmail.com