La part de l’autre de Eric-Emmanuel Schmitt
Editeur : Albin Michel
Année de sortie : 2001
Nombre de pages : 518
Synopsis : 8 octobre 1908 : Adolf Hitler recalé. Que se serait-il passé si l’Ecole des beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, cette minute là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d’artiste ? Cette minute-là aurait changé le cours d’une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde …
Avis : Ce livre a vraiment quelque chose de particulier. Il s’attaque à un sujet sensible : Adolf Hitler. Le titre est accrocheur, mais certains pourraient penser que l’auteur cherche à excuser le dictateur. Et bien, pas du tout ! Il réécrit l’histoire, c’est vrai, mais toujours en nous remettant en tête ce qu’il s’est vraiment passé. Il montre les détails, comment cela aurait pu se passer autrement, pourquoi cela s’est passé comme ça. C’est une œuvre vraiment intéressante que j’ai tout bonnement adoré !
J’ai trouvé judicieux d’appeler le « gentil », Adolf, et le réel, Hitler. On s’attache facilement au premier, qui nous est sympathique et avec lequel on compatit à chaque surprise de la vie. En fait, on s’attache autant à lui qu’on exècre le vrai personnage, qui nous horripile et qui nous dégoute de par ses pensées et de par ses actes. Au fur et à mesure, on oublie que l’on parle de la même personne. Cet homme a tout de même bouleversé la vie de tous et s’imaginer qu’il aurait pu être autrement est assez réconfortant. Se dire qu’il aurait pu être humain s’il avait rencontré d’autres situations tend à montrer que rien n’est décidé à l’avance, que chacun peut écrire son histoire comme il l’entend et que, parfois, certains l’écrivent très mal. Le pire dans tout ça, c’est qu’à aucun moment il ne se dit que ce qu’il fait est mal !
L’idée que la Seconde Guerre mondiale n’a pas eu que des inconvénients est assez étrange. Affirmer qu’Israël n’aurait pas pu exister sans le génocide juif est assez fort et, en le lisant, on se met à imaginer ce que cela aurait pu donner. Pas de Seconde Guerre mondiale, pas de nazisme, pas de camps. Une grande page de notre histoire arrachée. Comment aurait été la vie sans tout ça ? Il est intéressant de se poser la question, même si nous ne pourrons jamais connaitre la réponse.
J’ai été surprise de la place que prend « la part de l’autre » dans nos décisions. Evidemment, cela n’explique et n’excuse rien, mais c’est fou comme on peut être influencé facilement par les autres sans s’en rendre compte. C’est fou comme une suite d’événements à première vue sans importance peut avoir de répercutions sur l’Histoire et peut changer la face du monde.
En définitive, La part de l’autre est un très bon livre que j’ai vraiment apprécié. Je le conseillerais à ceux qui se demandent souvent comment et pourquoi.